JUSTICE

Le recours à l’aménagement de peine progresse encore

Le recours à l’aménagement de peine progresse encore
Publié le 05/04/2025 à 11:26

Près de la moitié des sorties de prison de personnes condamnées pour des délits étaient dues à un aménagement de peine en 2024. Une augmentation de près de 15 % en deux ans.

Selon les derniers chiffres du ministère de la Justice publiés le 3 avril, les aménagements de peine, qui consistent à favoriser la réinsertion progressive d’une personne condamnée, ont représenté 47 % des sorties de prison pour délit en 2024 - contre 33 % en 2022 -, soit 25 254 aménagements au total ; un chiffre en hausse de 2,1 % par rapport à l’année précédente.

Le reste (53 %) correspond aux sorties « sèches », autrement dit les personnes libérées passant directement de la case prison à la liberté. À noter également que sur les 2 400 sorties de condamnés criminels, qui ne sont pas la population visée par l’étude, 58 % ont été réalisées sous forme d’un aménagement, quand 42 % ont consisté en des sorties sèches.

Pour mémoire, d’après les données de 2020 de l’Observatoire international des prisons (OIP), 63 % des détenus libérés récidivent dans les cinq ans.

La détention à domicile privilégiée

En 2024, en matière d’aménagements, les juges d’application des peines ont requis la détention à domicile sous surveillance électronique (DDSE) dans 42,5 % des cas. Près de 30 % des peines ont été aménagées en semi-liberté, 24 % en libération conditionnelle et 4 % en placements extérieurs.

Les chiffrent varient également selon la nature de l’infraction. Les personnes condamnées pour infraction à la circulation routière et sollicitant un aménagement de peine ont obtenu plus souvent gain de cause – c’est ainsi le cas pour 63 % d’entre elles. Suivent les personnes condamnées pour infraction à la législation économique et financière (60 %) et infraction à la législation sur les stupéfiants (58 %).

Par ailleurs, les données du ministère démontrent qu’en 2024, les personnes mariées ou en union au moment de leur entrée en prison étaient plus représentées dans les aménagements de peine (52 %), tout comme les femmes (53 %), les moins de 25 ans (51 %) et les personnes d’origine française (52 %). 

L’incarcération, la règle plutôt que l’exception

Mais alors que cette modalité d’exécution des peines est largement utilisée, une proposition de loi défendue par Loïc Kervran vient rebattre les cartes pour les courtes peines, avec son adoption par les députés, jeudi 3 avril, lors de la niche parlementaire du groupe Horizons.

Ses lignes sont claires : rétablir le prononcé de peines de prison ferme de moins d’un mois, et mettre fin à l’aménagement obligatoire des courtes peines (inférieures ou égales à six mois).

Le groupe marconiste EPR, à l’exception de quatre votes, s’est abstenu de se prononcer, évoquant les risques de récidive induits par l’emprisonnement et la surpopulation carcérale, relate Le Parisien.

Loïc Kervran, citant un rapport de la Cour des comptes, soutient que la systématisation des aménagements n’a pas endigué la surpopulation, les magistrats étant obligés de prononcer des peines plus longues pour s’assurer de leur exécution.

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, qui n’a pas apporté son soutien au texte, prône quant à lui la création de prisons « à taille humaine » pour des délits tels que les atteintes à la personne ou aux biens, à l’inverse des prisons de haute sécurité. Le garde des Sceaux doit d’ailleurs tenir une conférence de presse sur le sujet le 7 avril prochain place Vendôme.

Allison Vaslin

 

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