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(93) Israël refuse le visa de deux élus de Seine-Saint-Denis attendus en Palestine

(93) Israël refuse le visa de deux élus de Seine-Saint-Denis attendus en Palestine
Publié le 30/04/2025 à 08:11

Stéphane Blanchet, maire (DVG) de Sevran, et Emmanuel Constant, élu d’opposition (PS) à Noisy-le-Grand, tous deux vice-présidents du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, devaient entamer une mission en Palestine à partir du mercredi 30 avril. Le ministère des Affaires étrangères a indiqué mardi que cette décision était jugée « regrettable, contreproductive et dommageable pour les relations franco-israéliennes ». 

« Avec Stéphane Blanchet et Emmanuel Constant, nous avons fermement condamné cette censure politique. » La réaction de Stéphane Troussel, président (PS) du département de la Seine-Saint-Denis, n’a pas tardé, après l’annonce de l’annulation des visas de deux élus locaux attendus en Palestine.

Stéphane Blanchet, maire (DVG) de Sevran, et Emmanuel Constant, conseiller municipal (PS) d’opposition à Noisy-le-Grand, devaient participer à un déplacement organisé par le Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine (RCDP), du 30 avril au 5 mai. Mais les autorités israéliennes ont bloqué leur entrée sur le territoire. Aucune justification n’a été donnée, a indiqué le Département dans un communiqué publié dimanche 27 avril.

« En refusant l’entrée à des élus locaux français, après avoir déjà refusé celle de parlementaires il y a quelques jours, les autorités israéliennes empêchent non seulement des représentants d’accomplir leur mission d’observation, mais elles entravent aussi toute tentative de regard extérieur indépendant sur la situation locale », a fustigé Stéphane Troussel. Ce dernier y voit une stratégie plus large : « Cette décision participe d’une dynamique de restriction généralisée contre les journalistes, les ONG et les observateurs internationaux. »

Et la mesure pourrait ne pas s’arrêter là. « D’autres élus de Seine-Saint-Denis et d’autres collectivités françaises membres de cette délégation devraient subir la même interdiction », a-t-il ajouté.

« Une entrave importante dans les relations diplomatiques »

Pour celui qui est aussi le secrétaire national au Pacte social et aux Solidarités du Parti socialiste, cette interdiction dépasse largement le cadre d’un simple refus administratif. « [La] décision constitue une entrave importante dans les relations diplomatiques et représente une atteinte grave à la libre action extérieure des collectivités locales », a-t-il déploré.

Le président de la Seine-Saint-Denis voit dans cette démarche une dérive préoccupante : « Refuser un visa à des élus de la République peut aussi s’apparenter à une sanction politique qui n’est pas digne d’une démocratie. »

La mission visée, conduite par une délégation d’une cinquantaine d’élus franciliens de gauche et de personnels administratifs, se voulait pourtant porteuse d’un message d’apaisement. « Nous portions un message de paix, de cessez-le-feu et de libération des otages », a rappelé Stéphane Troussel.

Le programme, élaboré avec le Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine, prévoyait une série de rencontres avec des acteurs engagés des deux côtés. Parmi eux : Uri Weltmann, figure de l’association israélienne Standing Together, mais aussi des ONG de défense des droits humains comme B’Tselem ou Breaking The Silence.

« Ce n’était en rien une mission partisane, mais une démarche humaniste », insiste-t-il en substance. En bloquant cette initiative, les autorités israéliennes ont selon lui empêché un dialogue précieux entre territoires locaux et sociétés civiles engagées.

Une relation entre la France et Israël de plus en plus fragile

Pour Emmanuel Constant, la décision des autorités israéliennes reste incompréhensible. « Nous n’avons jamais tenu de position anti-israélienne », a-t-il affirmé au Parisien. « Nous avons toujours défendu une position pacifiste, basée sur une solution à deux États. »

L’élu des Hauts-de-Seine a aussi rappelé ses liens personnels avec le pays : « Je n’ai aucun problème avec Israël. Je m’y suis rendu quand ma fille y faisait ses études. » Mais ce qu’il juge comme un traitement à deux vitesses passe mal. « Jordan Bardella est accueilli à bras ouverts en Israël, et nous, élus de gauche, sommes interdits d’entrée », a-t-il dénoncé, en référence à la visite du président du Rassemblement national (RN) le mois dernier.

Une accusation qui a été reprise par Stéphane Blanchet. D’après lui, cette décision ne serait pas étrangère à l’annonce récente d’Emmanuel Macron évoquant une possible reconnaissance de l’État palestinien par la France. « Ce serait un acte politique fort, qu’on attend depuis des dizaines d’années », a-t-il souligné.

Ce nouvel épisode rappelle un précédent survenu quelques jours plus tôt. Fin avril, les visas de plusieurs parlementaires français de gauche, dont François Ruffin et Alexis Corbière, ont été annulés à la dernière minute. Ils devaient se rendre en Israël dans le cadre d’une visite organisée avec le Consulat français à Jérusalem. Un double refus d’accès au territoire que plusieurs élus dénoncent désormais comme une manœuvre politique délibérée.

Cette série d’interdictions s’inscrit dans un contexte diplomatique de plus en plus tendu entre Israël et plusieurs pays européens. Le 23 avril, dans une déclaration commune, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont lancé une charge contre l’État hébreu, l’accusant de bloquer l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza depuis plus de 50 jours. « Un million d’enfants sont confrontés à un risque grave de famine, d’épidémies et de mort. » enjoignant : « Cela doit cesser. »

Romain Tardino

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