JUSTICE

Après les attaques sur plusieurs prisons, le soutien des magistrats aux agents pénitentiaires

Après les attaques sur plusieurs prisons, le soutien des magistrats aux agents pénitentiaires
Publié le 19/04/2025 à 09:44

Depuis le 13 avril, près de 13 attaques coordonnées et violentes ont visé des établissements pénitentiaires partout en France, suscitant une vague d’indignation. Parmi ces voix qui s’élèvent, celles des magistrats et particulièrement des procureurs, qui tiennent à rappeler que viser l’administration pénitentiaire, c’est viser la justice et l’Etat de droit. Une enquête a par ailleurs été ouverte par le Parquet national antiterroriste.

« S’attaquer à l’administration pénitentiaire, c’est s’attaquer à la justice dans son ensemble », dénonce la Conférence nationale des procureurs de la République (CNPR), dans un communiqué diffusé jeudi 17 avril dans la soirée. L’instance « exprime sa totale solidarité avec l’ensemble des agents de l’administration pénitentiaire face aux actes intolérables commis ces derniers jours à l’encontre de certains d’entre eux et au préjudice des bâtiments pénitentiaires ».

Depuis dimanche 13 avril en effet, plus d’une dizaine d’attaques visant l’administration pénitentiaire ont eu lieu à travers la France, visant à la fois des établissements pénitentiaires dont l’ENAP, des véhicules ou même des domiciles de surveillants, ciblés par des départs d’incendies volontaires. Les procureurs de la CNPR « condamnent ces actes avec fermeté », et « rappellent que les agents pénitentiaires travaillent au quotidien à la sécurité de nos concitoyens, dans des conditions souvent très difficiles, en assurant la prise en charge et la surveillance des personnes sous main de justice en application des lois de la République. A ce titre, toute forme de violence, menace ou acte d’intimidation les visant constitue une atteinte grave à nos valeurs ».

« Une solidarité institutionnelle »

« L’expression de cette solidarité institutionnelle s'explique par le fait que, dans un Etat de droit, la mission de l’administration pénitentiaire, prise dans toutes ses composantes, résulte des décisions prises par les magistrats », tient à préciser en complément Eric Maurel, procureur général de Basse-Terre, via son compte X.

« Le premier président et le procureur général de la cour d’appel de Basse-Terre expriment leur plus vive émotion et tout leur soutien aux personnels de l’administration pénitentiaire victimes d'attaques intolérables », exprime-t-il aussi dans cette publication.

Cette solidarité des magistrats envers les agents pénitentiaires se trouve également du côté du syndicat Unité magistrats SNM FO, dont les membres ont tenu à « exprimer [leur] plus profond soutien et [leur]solidarité à l’égard de l'ensemble du personnel pénitentiaire touché par ces actes d'une extrême violence ». Dans un texte publié sur son site internet, le syndicat qualifie à son tour ces attaques « d’une atteinte directe aux valeurs de notre République et à ceux qui œuvrent au service de la justice et de la sécurité publique », soulignant lui aussi « les conditions déjà particulièrement difficiles » dans lesquelles exercent les agents pénitentiaires. 

Des agents qui, malgré tout, « continuent d'assurer leurs missions avec un sens aigu du devoir », saluent les magistrats. Le syndicat Unité demande de surcroît une protection « renforcée » des établissements pénitentiaires et de leur personnel, et insiste sur la nécessité de « mener une enquête rapide permettant l'identification et l'interpellation des auteurs de ces actes criminels » qui menacent « notre Etat de droit ».

Le procureur antiterroriste réaffirme son « plein soutien à l’administration pénitentiaire »

Car c’est bien le fonctionnement de la justice qui semble être visé par ces attaques coordonnées. D’après les premiers éléments diffusés dans la presse cette semaine, les faits sont orchestrés depuis la messagerie Telegram et signés de l’acronyme « DDPF », pour « Droit des prisonniers français ». Les auteurs ont, de leur propre fait, diffusé des vidéos des attaques sur les réseaux sociaux. 

Mardi 15 avril, le Parquet national antiterroriste annonçait l’ouverture d’une enquête pour « association de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation d'un ou plusieurs crimes d'atteinte à la personne » et « dégradation ou détérioration en bande organisée du bien d'autrui » pour les neuf établissements ciblés. A Toulon, l'enquête a pour chef « une tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste commise sur une personne dépositaire de l'autorité publique », précise le parquet.

Dans une publication LinkedIn, Olivier Christen, procureur de la République antiterroriste, a réaffirmé ce vendredi au nom de son parquet son « plein soutien à l’administration pénitentiaire, à ses 45 000 agents et à leur famille ». Le magistrat a aussi décrit les investigations comme « complexes », « qui imposent comme toujours au respect de la stricte confidentialité des enquêtes ». 

Interrogé par FranceInfo, Olivier Christen ne semble pas céder à la surenchère politique et à ceux qui exigent des résultats immédiats ; il a tenu, lors de cet entretien, à rappeler « le cadre d’intervention du PNAT, les qualifications retenues à ce stade et la mobilisation, sous coordination de la sous-direction antiterroriste, des services nationaux et territoriaux de la police judiciaire pour identifier les auteurs des faits, leurs coordonnateurs et les commanditaires ».

Mylène Hassany

 

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